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Google est vraiment devenu le nouveau Microsoft

3 mars 2012

Google a ces temps-ci fait parler de lui, et pas exactement en bien. La compagnie s’est d’ailleurs attirée les « inquiétudes » du département de la justice américain, et devient de plus en plus le nouveau Microsoft.

Diversification extrême

Tout d’abord, Google suit depuis plusieurs années la stratégie de diversification tous azimuts de Microsoft. La firme de Bill Gates s’est en effet diversifié dans les années 80 et 90, bien au-delà de Windows et Office. La compagnie s’est logiquement attaquée aux marchés naturels (elle a suivi l’évolution des PC côté serveur), aux marchés jugés stratégiques ou potentiellement dangereux pour Windows (comme le navigateur Web). Mais elle s’est également attaquée à des marchés juste parce qu’ils rapportaient de l’argent (des baladeurs MP3 à la recherche en ligne). Sans compter de multiples autres domaines : les jeux vidéo sur PC, les consoles de jeu, les claviers, souris, logiciels d’entreprise divers, etc.

Google a fait de même en s’étendant (ou en tentant de s’étendre) aux marchés jugés critiques comme les smartphones et les sites sociaux. Mais il s’est également lancé dans des services tels que Wikipedia ou Groupon non pas parce qu’ils occupent un marché stratégique, non pas parce qu’ils se font beaucoup d’argent (Wikipedia est à but non lucratif) mais uniquement parce qu’ils ont du succès. Un site Web devient très populaire ? Google cherchera soit à le racheter, soit à le concurrencer.

D’un certain côté, Google se diversifie plus que Microsoft. Redmond n’a par exemple jamais sorti de site concurrent à Facebook ou à Groupon. Et le Zune mis à part, Microsoft n’a jamais sorti son propre matériel en concurrence directe avec ses partenaires. Google, lui, n’a pas hésité à faire concurrence avec ses partenaires Android en sortant son propre smartphone (même si construit par HTC), en rachetant Motorola Mobile et en sortant ses Chrome Notebooks.

S’appuyer sur ses produits phares

Google utilise depuis peu une stratégie chère à Microsoft : s’appuyer sur ses produits phares pour conquérir de nouveaux marchés. C’est ainsi que la compagnie a lancé la grande offensive Google+ en l’intégrant au plus grand nombre de ses autres services. A tel point que les 90 millions d’utilisateurs que se targue d’avoir Google+ ne sont pas forcément des utilisateurs qui veulent être sur le réseau social de Google, mais qui peuvent tout simplement avoir créé un compte Google pour avoir accès à un autre service.

Car la firme de Larry Page cherche tous les prétextes pour que ses utilisateurs créent -et utilisent- un compte Google. Google Chrome est ainsi le premier navigateur Web qui incite à utiliser un compte Google (pour synchroniser son historique, ses marque-pages, etc.). Même Microsoft n’a jamais fait ça !

Pratiques controversées

Microsoft a eu son lot de pratiques controversées, ce qui lui a valu les foudres de plusieurs départements de justice. Google est lui aussi dans le collimateur de plusieurs régulateurs. Sous prétexte d’uniformiser les règles de confidentialité de ses différents services, ces derniers s’échangent désormais des données sur les utilisateurs. Les vidéos que l’on aime sur YouTube peuvent se retrouver sur d’autres services. Et Google s’est fait prendre la main dans le sac en train de court-circuiter des mécanismes de protection de confidentialité de certains navigateurs Web. Si Google se défend de toute malversation (et il est possible qu’ils pensent sincèrement), il n’empêche qu’elle a retiré l’utilisation de cette pratique depuis le scandale.

Résultats

Tout comme Microsoft à son heure de gloire, Google reçoit énormément de CVs, et donc peut se permettre d’être extrêmement pointilleux sur les candidats qu’il embauche. Pour le reste, si Microsoft a réussi à siphonner la majorité des profits de l’écosystème du PC (sa plateforme de prédilection), Google n’a pas réussi à faire de même sur le Web.

Les tentatives du géant de Mountain View pour détrôner les autres sites Web populaires ont rarement réussi. Certes, Google Maps a détrôné Mapquest, mais ce service n’était pas un poids lourd du Web. Google Knol, un concurrent de Wikipedia, a fait un bide. Google Offers, le concurrent de Groupon, n’a pas décollé. Google+ s’en tire à peine mieux. Si le concurrent de Facebook a réussi à faire parler de lui, le service piétine avec bien moins d’activités, son nombre « d’utilisateurs » étant certainement artificiellement gonflé. Bon point pour les utilisateurs cependant, Google+ a forcé Mark Zuckerberg à revoir sa position sur le sujet de post ciblé, Facebook permettant dorénavant de poster des messages à un groupe restreint de personnes (famille, amis, travail, etc.). La plus grande réussite de Google mis à part son célèbre moteur de recherche a été le rachat de YouTube. Ce succès est par contre à relativiser, ce service n’étant que tout juste profitable et n’étant pas près d’atteindre les marges que le moteur de recherche jouit.

Cela ne veut pas dire que Google n’a pas eu de succès. Son navigateur Web, Chrome, a réussi une très belle percée. Mais surtout, Android a réussi l’exploit de dépasser Apple sur le terrain de prédilection de Steve Jobs – le matériel orienté grand public. Sur ce point, la comparaison avec Microsoft est troublante. Google a en effet réussi à dépasser Apple en termes de parts de marché en s’appuyant sur une multitude de constructeurs, ce qui a comme défaut d’avoir un système fragmenté (comme les PC).

Mais, comme pour Microsoft, la grande diversification de leur offre a ses effets pervers. Page, Brin et les hauts dirigeants de Google ne peuvent en effet pas être sur tous les fronts. Mauvais point pour Google, sa vache à lait (le moteur de recherche) est bien moins stable que celles de Microsoft (Windows et Office). Bon point cependant, la compagnie a réussi à se faire une bonne place sur un nouveau marché (le marché des smartphones), contrairement à Microsoft qui a piétiné en-dehors de la plateforme PC.

L’avenir dira si Google arrivera à capitaliser sur Android.