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La mode des Ultrabooks

27 janvier 2012

Il y a quelques années, la mode était aux Netbooks, des PC portables d’entrée de gamme. La mode est désormais aux Ultrabooks, des PC portables très fins et très légers et aux performances acceptables, à l’instar du MacBook Air.

Que c’est-il passé ? Pourquoi ce changement de tendance ?

En 2007, Asus a sorti l’Eee PC, un portable PC aux capacités minimales, mais annoncé à moins de $200. En pleine crise financière, le public a été plus qu’intéressé par un PC portable à tout petit prix, lançant la tendance des Netbooks. Evolution naturelle, ils ont gagné en performance, en capacités… et en prix. D’un autre côté, les portables PC traditionnels ont cassé les prix pour parfois se retrouver pas beaucoup plus cher que les Netbooks. Etant donné que ces derniers se sont révélés un peu juste en puissance, le public les a délaissés pour des portables PC ou pour un iPad.

En d’autres termes, les Netbooks ont été avant tout plébiscités puis abandonnés par les consommateurs. Les Ultrabooks, au contraire, sont avant tout poussés par les constructeurs. Intel aurait réservé $300 millions pour une campagne publicitaire – le constructeur affirme d’ailleurs détenir les droits sur le terme « Ultrabook ». Je ne me rappelle pas qu’Intel ait déboursé autant pour les Netbooks.

La raison est une histoire de marges. Si les constructeurs de PC se sont attaqués au marché des Netbooks, c’est du fait de l’intérêt du public. En période de crise, on essaie de vendre ce qui se demande. Le problème est que les constructeurs de PC ont déjà des marges très faibles. Les marges sur un ordinateur à $200-$300 ne peuvent être que minime. C’est la raison pour laquelle l’Eee PC a augmenté de prix pour se vendre désormais entre $300 et $500. De son côté, Microsoft a limité la définition technique d’un Netbook afin d’éviter que ses ventes de Windows Starter Edition (uniquement vendues pour les Netbooks) ne cannibalisent les ventes plus juteuses de Windows Home Premium.

Car les Ultrabook, s’ils gardent un côté léger, ne sont pas de portables d’entrée de gamme – ils tournent autour des $1000. Et pour l’écosystème du PC, il y a nettement plus de marges à se faire autour d’un PC à $1000 qu’un Netbook à $500.

Le MacBook Air

Les Ultrabooks arrivent à temps pour Microsoft. Car si l’on a beaucoup parlé de l’iPad en entreprise, le véritable danger pour Redmond est le MacBook Air. Le risque est moins le volume de vente qu’une masse critique d’utilisateurs Mac en entreprise. Je n’ai pas de chiffres à donner, mais à ce que j’en vois les iPad en entreprise sont grandement achetés par les utilisateurs eux-mêmes (ou offerts en guise de cadeau ou récompense). Le MacBook Air, par contre, est un accepté par certains départements informatique depuis bien plus longtemps.

En particulier, le MacBook Air est apprécié par les utilisateurs qui sont souvent sur la route ou en meeting et qui privilégient un portable léger tout en étant confortable d’utilisation. En d’autres termes, les managers et cadres dirigeants. Et si une entreprise a une masse critique d’employés influents ayant des MacBook, cela impacte le reste des logiciels acheté par la compagnie. Si le PDG ou plusieurs vice-présidents ont un Mac, autant dire que les logiciels d’entreprise qu’ils utilisent on intérêt à tourner sur leur ordinateur. Si une compagnie a suffisamment d’employés possédant des Mac, elle va chercher des logiciels qui supportent Windows et Macintosh.

Le problème n’est pas pour MS-Office qui existe sur MacOS X, mais pour les logiciels d’entreprise que Microsoft essaie de pousser tels que SharePoint ou Lync. Ces logiciels sont en effet avant tout conçus pour fonctionner avec Windows et Internet Explorer. Ils fonctionnent sur d’autres plateformes, mais pas aussi bien. Plus généralement, plus une entreprise a d’ordinateurs non Windows, moins la sacro-sainte compatibilité Windows n’a d’importance.

Cela ne veut pas dire pour autant que l’empire Microsoft va s’effondrer du jour au lendemain. Redmond a encore de belles années devant lui, et ses deux vaches à lait ne sont pas prêtes de se tarir. Mais cela représente tout de même une évolution dans le mauvais sens pour la firme de Steve Ballmer.