Archive pour mars 2011

Les réseaux sociaux doivent mieux cibler

26 mars 2011

Il n’y a plus besoin de prouver l’importance des réseaux sociaux. Facebook est l’un des sites Web les plus visités d’Internet, et nombreux sont les sites qui doivent leur succès au facteur social.

L’une des grosses faiblesses des réseaux sociaux est par contre son aspect générique. Lorsqu’un utilisateur poste quelque chose sur son mur Facebook, toutes ses connexions sont mises au courant.

Le premier problème est dû au fait que le concept d’ « ami » sur Facebook peut vouloir dire beaucoup de choses. De véritables amis à de simples connaissances en passant par des collègues de bureau. Sur ce point, pas grande chance de voir les choses bouger du fait de l’avis très arrêté du fondateur de Facebook sur la question. Mark Zuckerberg a toujours considéré que ne serait-ce que vouloir séparer la vie professionnelle et la vie personnelle sur Facebook revient à mentir. Or n’en déplaise à Zuckerberg, il existe un véritable besoin de gérer les contacts et pas simplement les amis. Par exemple, il serait utile de pouvoir trier les personnes avec qui j’échange des emails. Certains sont des amis que j’aimerais ajouter à ma liste de connexions Facebook. D’autres sont des connaissances avec qui il serait intéressant de garder un contact moins solide (à définir), comme par exemple uniquement les grands événements (déménagement, changement de travail, etc.). Quant aux contacts auxquels je ne suis pas intéressé, il serait utile de pouvoir les effacer une seule fois. Beaucoup de clients emails génèrent un carnet d’adresse automatiquement à partir des conversations email. Mais un contact précédemment effacé sera rajouté automatiquement dés la prochaine conversation. Et il n’est pas toujours possible d’avoir la liste des nouveaux contacts à trier.

Peut-être le blocage de Zuckerberg sur la question est-elle une opportunité à saisir pour un concurrent.

L’autre limitation est au sein de ses amis mêmes. Le type de commentaire que l’on poste est souvent le plus petit dénominateur commun. Personnellement, il existe deux cas de message que j’hésite à poster sur mon mur Facebook. D’une part les messages en français, d’autres part les messages dédiés à l’informatique trop techniques. Dans les deux cas je n’ai pas envie de « polluer » la page Facebook de mes connexions de messages qu’elles ne peuvent pas comprendre et/ou qui risquent de les barber. J’ai créé des groupes personnels sur mon profil comme solution de contournement, mais cette solution n’est pas aussi facile et pratique que si je pouvais créer des murs « optionnels » dédiés que mes contacts peuvent joindre ou pas. Qui plus est, les groupes personnels sont une fonctionnalité peu connue.

En entreprise

Les réseaux sociaux se sont développés à la fois sur le marché des particuliers (Friendster, MySpace, Facebook) et sur le marché des professionnels (LinkedIn, Viadeo, 6nergies). Le marché des particuliers a cependant été nettement plus porteur que celui des professionnels. Facebook a en effet plus de 500 millions d’inscrits, alors que LinkedIn n’en n’a « que » 90 millions.

A tel point que la mode actuelle en entreprise est de copier le modèle Facebook. Les logiciels d’entreprise dont le but est de faciliter la collaboration existent depuis longtemps (Microsoft Sharepoint, Jive, etc.) mais désormais ils copient des fonctionnalités de Facebook au sein de l’intranet.

Mais les résultats ne sont pas forcément probants, car la dynamique au sein de l’entreprise n’est la même que sur le Web – les besoins sont donc différents.

MySpace est par exemple centré autour de l’expression personnelle : personnaliser sa page perso, partager sa musique préférée, etc. Autant de fonctionnalités qui n’apportent qu’une valeur ajoutée marginale en entreprise.

Facebook, quant à lui, a pour but de se tenir au courant de ses contacts. Le « mur » a pour but d’informer ses contacts de ses faits, gestes et pensées du moment. Ce modèle d’information générique ne s’adapte cependant pas tel quel en entreprise. Par exemple, de nombreux utilisateurs utilisent Facebook pour exprimer leurs frustrations : le voisin qui fait du bruit, le plombier qui a fait du sale travail, l’inconnu dans la rue qui n’a pas ramassé la crotte de son chien, etc. En entreprise par contre, exprimer publiquement sa frustration concernant ses collègues, le service informatique ou la DRH peut avoir des effets néfastes pour sa carrière. Indiquer que l’on est fatigué parce qu’on a trop fait la fiesta la veille n’est pas une bonne idée. Ne serait-ce que trop poster des généralités trop régulièrement sur son « mur » d’entreprise peut passer pour de la glande…

Comme indiqué précédemment, Facebook n’est pas adapté aux sujets trop pointus. C’est pourtant ce dont une entreprise a besoin.

Les réseaux sociaux présents sur le Web, qu’il s’agisse de Facebook ou de LinkedIn, fonctionnent autour la notion de contacts. Il y a en effet trop d’internautes pour être mis en relation directe avec des inconnus. En entreprise par contre, l’utilité d’un réseau social est de mettre en contact des employés qui ne se connaissent pas forcément mais qui ont des sujets en commun. Comment trouver les collègues qui ont la réponse à la question que l’on se pose. Mais cela représente des discussions sur des sujets précis et non pas des généralités. Certes, les outils actuels permettent de créer des groupes d’intérêts. Mais ces derniers ne sont pas suffisamment souples, si bien que personne ne va songer à demander à créer un groupe autour d’un sujet trop pointu. Si trop de groupes existent, les employés ne sont pas forcément au courant de tous les groupes, comme c’est déjà le problème avec les mailing lists internes (quelqu’un crée une mailing list, mais personne n’est au courant). Sur ce point, Friendster et son système de découverte de membre par mot-clé entrés dans les intérêts serait un modèle plus approprié en entreprise que Facebook.

Le modèle social peut-être le mieux adapté à l’entreprise n’est pas quelque chose dans le vent mais un service abandonné depuis longtemps : Usenet. Ce service de forums sur Internet possède en effet une organisation hiérarchique qui n’a pas résisté à l’explosion du nombre d’internautes, mais qui reste particulièrement bien adaptée à la taille d’une entreprise qui veut couvrir de nombreux sujets pointus. Par exemple, comp.* regroupe les forums dédiés à l’informatique (comp pour computer), comp.language.* regroupe les forums dédiés aux langages informatique, com.language.java est dédié à Java, etc. Et le fait que les clients Usenet montrent les forums nouvellement ajoutés est une fonctionnalité attrayante. Cette fonctionnalité était devenue trop lourde lorsque Usenet gagnait des centaines de nouveaux forums par jour, mais est parfaitement adapté à une entreprise qui aura un nombre de forums beaucoup plus limités.